Posté le 17 décembre 2019 dans Actualités
Les paiements en générosité
Retour sur la 10ème Rencontre « Les paiements en générosité »
Le 16 décembre 2019 s’est tenue à Paris la 10ème Rencontre consacrée au thème « Les paiements en générosité », organisée, en collaboration avec le cabinet de conseil MS2ii, par l’Association du Paiement, qui réunit les acteurs français des services du paiement électronique et est présidée par Maurice Blanchard. Modérés par Sophia Briouel, CEO de MS2ii et board member de l’Association du Paiement, les échanges, autour des invités – GIE CB, enseignes ou entreprises spécialisées dans la technologie de collecte de dons – ont porté sur :
- l’état des lieux des solutions de paiement en générosité
- le modèle économique, les flux financiers et le schéma caritatif
- la démarche pour convertir davantage de commerçants
- l’importance de la RSE pour les consommateurs
- le calendrier et le rythme des campagnes
- un regard sur le reste du monde.
La Rencontre était sponsorisée par la société CNPP Cyber Security, spécialisée dans la sécurité des systèmes d’information et des systèmes de paiement électronique, représentée par Guillaume Vitse, CEO.
Que représentent les dons en France ?
En 2018, sur les 7,5 milliards d’€ de dons, 3 milliards proviennent du mécénat d’entreprise et 4,5 milliards des dons des particuliers. Une baisse a été constatée en 2019 dont la principale explication est le manque de confiance à l’égard de l’utilisation des dons, leur paiement restant en outre encore peu digitalisé (9 % seulement de dons en ligne). D’où l’importance de l’innovation.
Quelle place pour l’innovation ?
Des solutions innovantes ont émergé qui accroissent tant l’incitation et la facilité du don que sa sécurisation (quelle que soit la solution retenue par l’offreur de service, le terminal utilisé pour héberger l’application de générosité, doit être agréé).
- Les bornes en libre service : à l’instar des bornes de paiement SNCF, la solution des bornes de dons a entraîné une augmentation et du montant des dons et de leur quantité. Programmées au départ pour des versements sans contact, les bornes ont ensuite permis des paiements plus importants avec contrôle par code.
- L’arrondi sur TPE : au passage en caisse, il est proposé au consommateur sur le TPE d’arrondir le paiement de ses achats à l’€ supérieur (ou tout autre montant) ; la somme est ensuite encaissée par l’enseigne puis reversée à une fréquence régulière à un fonds de dotation qui lui même répartit les sommes aux associations bénéficiaires. Damien Pichot (Directeur des opérations et du flux marchandises du Groupe Monoprix) relate comment, à la suite d’une contestation d’un client lors de l’opération Notre-Dame, l’enseigne Monoprix a développé une solution plus ergonomique (dédoublement des pavés du TPE : numérique pour la saisie du code lors du paiement et tactile pour la validation de l’arrondi) afin d’éviter toute confusion pour le consommateur.
- Les affiches connectées via QR code et NFC : décrite par Ophélie Le Grand (Fondatrice et dirigeante de Lokalero) comme «une plateforme de crowdfunding en physique parce que le créneau est celui de la proximité », les affiches connectées permettent, en rapprochant commerces où elles sont installées et associations locales pour lesquelles elles appellent au don, de mettre en valeur l’engagement des uns et des autres auprès des habitants d’un territoire. Le paiement se fait par smartphone sur la page de l’association (QR code ou puce NFC intégrée).
- Chat Bot sur Facebook : en allant sur la page Messenger d’une association, le donateur peut effectuer un don (montant fixé ou libre) et récupérer ensuite les informations nécessaires à la déduction fiscale grâce aux données déjà existantes dans Facebook. Avec cette solution, « l’objectif est d’avoir un parcours utilisateur qui soit le plus simple, le plus fluide, le plus efficace possible » (Louis Renaud – Project manager – UX Ui Designer – LABbyCB). En cas de processus interrompu, une relance est adressée.
- Les cartes caritatives : cartes bancaires co-brandées entre une banque et une association à laquelle la banque s’engage à reverser une certaine somme par opération (transaction ou retrait).
Quel modèle économique ?
Pour Ghislain d’Alençon (CEO – HeoH), « chaque canal a son business model (…) mais l’on retrouve un point commun : le reversement des fonds à 100 % ».
- S’agissant des bornes, elles peuvent être vendues, mécénées ou louées.
- Pour les solutions de paiement sur TPE, une commission est facturée soit à l’enseigne, soit à l’association, soit à tout autre tiers (intermédiaire), pour paiement de l’installation, du process (traçabilité du don), de la garantie bancaire sur les fonds s’ils ne peuvent être sequestrés dans les 24H.
- Avec la solution affiches connectées, 100 % des dons sont également reversés aux associations et une commission est perçue auprès des collecteurs (commerces et entreprises locales).
Le schéma caritatif et les flux financiers
- Dans le cas de dons sur TPE, l’enjeu est la bonne identification des flux financiers – part respective des achats et des dons -, et la clarté en terme de comptabilité. Plusieurs acteurs interviennent : commerçant, banque, établissement de paiement (prestataire technique), fondation et association bénéficiaire. Il revient au commerçant de collecter les fonds puis au prestataire apporteur de la solution technique (plateforme) d’en assurer la traçabilité, le cantonnement et le reversement sur le compte du bénéficiaire (ou de la fondation qui va les répartir en cas de pluralité de bénéficiaires).
- Dans l’hypothèse Chat Bot, les fonds sont collectés par le prestataire de la solution de paiementpuis reversés à l’association directement.
- S’agissant des affiches connectées, le modèle est celui du crowdfunding: ouverture d’un compte au nom de l’association chez un prestataire de paiement puis versement de l’argent à l’issue de la campagne ;
Comment rassurer les donateurs et convaincre les commerçants ?
La confiance des donateurs est essentielle et il est important de s’assurer de la bonne utilisation des fonds par les associations. Le Don en Confiance a ainsi été créé en 1989 par de grandes associations et fondations sociales et humanitaires dans le but de favoriser une relation de confiance avec leurs donateurs. Cet organisme, qui délivre un label, exerce, sur la base d’une Charte de déontologie, une mission de contrôle de l’appel public à la générosité basé sur un certain nombre de critères (transparence,recherche d’efficacité, probité, désintéressement, respect des donateurs). Ainsi, pour Bénédicte Brouard (Présidente – HeoH Payments), « quand une association a le label, c’est qu’elle dit ce qu’elle fait, c’est qu’elle fait ce qu’elle dit. »
Face au risque de ressenti d’intrusion et d’injonction au don pour les consommateurs réguliers, des solutions ont été trouvées par les commerçants : montant minimum d’achat, alternance des jours de campagne, équipement d’une partie seulement des TPE, etc.
Du côté des commerçants et enseignes, l’un des arguments les plus efficaces est celui de la valeur ajoutée en terme d’image et de RSE qu’est susceptible de véhiculer leur engagement dans le paiement en générosité. Un sens est donné à l’achat, auquel est associé le commerçant, et ses salariés sont invités à participer à un projet collectif et positif de leur entreprise. A Maisons du Monde, par exemple, « dans le process de choix les collaborateurs sont impliqués : il y a un vote par lequel ils choisissent l’association à financer. » (Slim Guerbaa – Responsable SI). Pour les retailers, éclatés dans leur organisation, il n’est pas toujours simple de diffuser les valeurs de l’entreprise auprès du personnel mais « les dispositifs de collecte, ce sont les magasins qui se les approprient et c’est un sujet de fierté. » (Mathieu Jubré – Associé Directeur Marketing – MicroDon).
Le marketing – au moins pour les campagnes dont l’importance le justifie – est primordial dans la démarche pour l’accompagner, la faire connaître aux consommateurs et valoriser l’entreprise (facteur différenciant par rapport à la concurrence).
Le rythme des campagnes est parfois inspiré du calendrier national et de ses grands temps forts (Octobre Rose, Téléthon, mois de la générosité, etc) mais il existe une relative disparité dans la fréquence des campagnes : des projets de nature purement locale ont leur propre temporalité, certaines enseignes préfèrent s’organiser en planifiant à l’avance pour l’année une série de campagnes, ….
Regards sur le reste du monde
Les États-Unis restent leader en matière de montants donnés aux causes philanthropiques (voir le Giving Pledge), l’Europe conservant sa place (projets en Allemagne, Grande Bretagne, Espagne) malgré le développement assez lent de l’arrondi.
Les solutions de demain ?
Le Fonds des Nations unies pour l’enfance est la première organisation des Nations unies à détenir et effectuer des transactions en crypto-monnaie mais compte tenu du risque de perte de valeur rapide – perte de change – de ce type de monnaie, elle ne semble pas, en l’état, être adaptée au don en générosité.
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Rédaction Sophia Briouel, CEO de MS2ii
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